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Bénédicte voguant sur l'océan indien

Bénédicte - 1 an campagne sur BCR Marne

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PASSAGE DE LA LIGNE - 10,11 et 12 octobre 2005

Début des festivités du passage de l'équateur... 

En tant que néophyte, je ramasse et vous raconterai tout ça à l'issue!

Tout d’abord, un peu d’histoire :
L’Equateur, ligne imaginaire qui partage le globe en deux hémisphères situés par définition au degré 0 de Latitude. On estime sa longueur à plus de 40 000 Km. Pour les marins, le franchissement de « la ligne », comme ils l’appellent, est sujet à une tradition de baptême qui remonterait aux vikings. L’instauration du rituel de passage chez les marins date de la découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb en 1492, et du passage du Cap de Bonne Espérance par Vasco De Gama. C’est en effet eux qui ouvrirent la voie aux navigateurs du monde entier vers les voyages au « Levant » (Indes Orientales), et au « Couchant » (Indes Occidentales), avec un passage obligé par l’Equateur… C’est donc réellement depuis le siècle des Lumières que les marins s’adonnent traditionnellement à un tel rite. Alors en quoi consiste-t-il ? Il s’agit dans un premier temps de renverser l’ordre social à bord. Le passage de l’équateur signifiant pour les marins le basculement vers un mode inconnu, le bateau prenait alors des allures de carnaval, où les matelots de tout rangs se déguisaient de façon burlesque, complètement peints de noir, et se livraient à des débordements chaotiques. Puis, prenait place une parodie de jugement menée par les anciens (ceux qui ont déjà fait la traversée) de façon à initier les jeunes matelots. A cette occasion, le bateau se transformait en scène de théâtre où Neptune en Dieu tout-puissant accompagné de diables, diablotins et autres tritons prononçait la sentence réservée aux novices. Troisième étape : l’immersion totale dans un réservoir d’eau ; une façon de proclamer la purification du marin, et d’évaluer sa capacité à dompter cet élément. Avant d’être plongés dans l’eau, les matelots étaient barbouillés de peinture et de restes de nourriture peu appétissants… Ces épreuves à l’allure de bizutage convertissaient définitivement les jeunes matelots en vieux loups de mer. Ce rite très exubérant s’explique à l’époque par l’angoisse éprouvée par des marins voguant à la découverte de nouveaux horizons. Il faut dire qu’à l’approche de l’Equateur, l’ambiance est plutôt infernale : des calmes plats aux chaleurs étouffantes, ponctués de grains violents et de pluies diluviennes qui souvent faisaient chavirer les navires… Tout cela portait à croire que l’on s’approchait de l’enfer ! Aujourd’hui, les conditions de navigation sont les mêmes, mais les craintes ont disparues. Toutefois, la tradition est bien là, et cette étape reste pour les marins une fête incontournable, sorte d’antidote à l’ennui et à la pression d’un long voyage en mer…

Des infos complémentaires sur http://tremblezneophytes.free.fr/

Lundi 10 :
Nous reprenons la mer et les hostilités ou festivités, je ne sais trop, commencent… Dès le début de matinée, les néophytes (ceux qui n’ont jamais passé la ligne) sont attrapés par les dignitaires et se font écrire au marqueur, indélébile de préférence, un N sur le front. Voire NP pour néophyte puant ou encore avec un R pour récalcitrant. Pour ma part, ce ne sera qu’en fin de matinée que je me retrouverai avec NR écrit sur le visage ! Lors du repas et donc de mon arrivée au carré, il me faut, comme tous les autres néo, me mettre à 4 pattes et baisser les yeux. Nous sommes conduits jusqu’au bar pour y boire un apéro très spécial : une mixture peu agréable à base d’huile d’olive, de vinaigre, de sauce « nuoc man », de clous de girofles et bien d’autres ingrédients que je n’ai pu déterminer. 

Avant cela, on m’a fait avaler une petite plaquette de beurre, histoire de « bien faire passer tout ça » ! Comme je ne grimace pas à la déglutition du breuvage spécial néo, j’ai le droit à un deuxième verre : trop sympa !

 Nous sommes parqués au sol dans un coin du carré. Comme le travail m’attend, je quitte le carré sans manger. Mes camarades auront le droit à un saladier pour tous avec tout le menu mélangé et ni couvert, ni assiette. Je suis laissée tranquille pour l’après-midi alors que certains sont conviés à faire les pom-pom girls pendant un RAM. Pour le dîner, même rituel, un apéro un peu plus gras que celui de midi nous est servi en guise de bienvenue. Nous attendons alors toujours au sol que l’on daigne nous donner à manger. Ce sera assis par terre et avec les mains que nous mangerons d’abord des betteraves (un saladier pour tous), puis du riz avec du poisson. Pendant que les dignitaires mangent, ceux-ci, ont besoin d’être divertis et demandent alors un néo pour faire la poubelle, ou encore l’horloge. Pour ma part, je me retrouverai à faire le doux cui-cui des oiseaux pendant que quelqu’un d’autre faisait la cigale…En sortant, je suis invitée en machine pour subir de nouvelles « épreuves ». On me met de la graisse sur le visage, je demande alors à ce que l’on me dessine une fleur sur la joue, ma requête est exaucée. Une sorte de planche avec trou pour la tête et les poignées m’est enfilée et on me demande de danser. Par la suite, je repasse les chiffons des mécanos en chantant, tri des écrous (mais je préfère écrire des slogans avec). 

J’ai aussi le droit à une dernière dose de mixture pour la journée. Pour finir, je descend au niveau des moteurs, où j’enfile une veste de pompier, un harnais et reste suspendue « à battre des ailes » quelques instants dans une atmosphère à plus de 45°C. 

Je suis alors libérée, on me laisse aller prendre une douche et finalement, je passe une nuit entière et correcte.

Ma 11 :
La matinée reste calme car nous avons d’autres activités à côté. Pour le déjeuner, nous sommes toujours attendus au carré, avec cette fois un verre de mixture et un petit encas (pain bizarre+mayo+ ??). Toujours assis au sol, des croque-monsieurs comprenant tout le repas dedans seront servis : pain grillé, jambon, rôti + chou fleur et fraises + jus de mixture. L’odeur est assez répulsive mais une fois le croque en main et en décomposant le repas, c’est mangeable : surtout quand on commence à avoir faim…Je passe le début d’après-midi dans une niche à faire le chien.
En fin d’après-midi, il nous faut alors chercher notre convocation pour le lendemain. Nous revêtons alors la tenue 0bis, c'est-à-dire short, Tshirt, couvre-chef, une chaussette blanche, une chaussette noire, des sandalettes, une cravate (pour les filles, le bleu de travail est requis) . Tous les néo se rassemblent à 4 pattes et se suivent pour aller chercher ce fameux bout de papier…au fond d’une poubelle remplie de nourriture peu appétissante. 

Le soir, la cérémonie du repas est toujours à peu près identique, nous aurons le droit à une assiette individuelle (toujours pas de couverts) de pâtes. Met appréciable en ces jours ! Ce soir, un « bal des putes » est organisé, il s’agit là, pour le personnel masculin de se déguiser en filles et de subir un vote du jury, dont le commandant fait d’ailleurs parti. Pour les filles, nous nous sommes adaptées, certaines se sont déguisées en mec. Moi, je me suis déguisée en sorcière, il faut souvent faire avec les moyens du bord… Pour la nuit, certains se cacheront. Concernant mon poste, nous serons réveillés une première fois par des bruits de pieds au plafond et la seconde par une irruption de dignitaires avec pistolets à eau+vinaigre.

Me 12 :
C’est le grand jour ! Nous nous habillons comme la veille pour la convocation, et sommes amenés après un passage auprès des ateliers médicaux, du barbier et du coiffeur, sur la plage avant. On nous arrose régulièrement avec les lances à incendie car le soleil tape. Les différents acteurs du comité de la ligne nous tiennent un discours : nous rencontrons, le commandant (pas l’officiel du bâtiment cette fois), Neptune et son épouse Amphitrite, Monseigneur Pompilius, le juge et l’avocat général, l’astronome et d’autres personnages tels que les gendarmes équatoriaux et la tribu de sauvages « OULA OULA CA FAIT BOBO ». Nous attendons sous le soleil de plomb et l’on nous sert notre gratin dauphinois avec la viande et les fraises dans un même grand plat de collectivité ! Quasi affamés, certains y goûteront malgré l’odeur assez répulsive. Je grignoterai moi-même un peu. Nous sommes alors emmenés sur la plage arrière puis par groupe de 5 sur la plate-forme hélico pour subir notre sentence. Je serai condamnée à la triple avec séchage entre chaque plongeon mais l’avocat général demandera une quadruple avec séchage final. Voilà le résultat de mon parcours, après embrassade des pieds d’Amphitrite, bénédiction, graisseurs, passage à la piscine entre les mains des sauvages puis le boulanger :
 
Nous pouvons alors nous débarbouiller, mais j’avoue qu’enlever toute cette graisse de moteur, les œufs et la farine n’a pas été chose aisée… Mais en tous cas, cela restera un très bon souvenir ! (certains diront que ce n'est plus ce que c'était..., qu'on n'a pas assez "ramassé"! Les bizutages étant maintenant plus ou moins réglementés, on fait avec son temps. En tous cas, personne n'a été forcé à quoi que ce soit!)

Di 16 : 
Remise de nos diplômes:  à conserver précieusement!! et à présenter à chaque passage de ligne si on ne veut pas la repasser!!

Maintenant, je suis chevalier ou chevalière (je ne sais pas si cela se dit). Je n'ai donc pas le droit de faire passer la ligne à quelqu'un, je dois rester en simple observateur, je dois attendre un prochain passage pour être alors dignitaire. De nos jours, les dignitaires n'étant pas assez nombreux, il arrive que des chevaliers participent aux festivités de manières actives. 

Ecrit par Behess, le Mardi 11 Octobre 2005, 08:33 dans la rubrique "La vie à bord".

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Commentaires

la marne à Diégo

philippe

14-10-05 à 22:05

Bonjour,

Une petite intrusion sur votre blog, je viens de regarder Thalassa, et sur le reportage sur madagascar, on a pu voir la marne dans la baie de Diégo Suarez.
Bon courage pour la cérémonie de passage de la ligne......bientôt dignitaire, mais il faut d'abord aller chercher sa convocation.

Bonne continuation


Escales...

G

14-10-05 à 23:27

Très sympa ce petit blog.
Je viens moi aussi de regarder le reportage de Thalassa sur Diego Suarez.
Un peu de nostalgie puisque j'ai effectué cette escale trop courte à mon goût quelques années auparavant.
En tout cas bonne chance pour la suite et je te souhaite bonne mer !

Cordialement.
G. Ancien marin à présent informaticien.


moureaux

18-10-05 à 19:33

salut bene,

c'est un vrai plaisir de voir que tu a l'air de prendre ton pied pendant ta campagne.

j'espère que c'est le cas aussi pour nino.

peux tu m'envoyer une adresse ou je puisse t'écrire, j'ai plein de chose a te demander sur la marne.

Ton ex-fourrier. yann.


Re:

philippe

18-10-05 à 19:52

Je vois que la tradition perdure, une fois dignitaire, il ne reste plus qu'à attendre le prochain passage !!!!


Re:

Behess

23-10-05 à 14:23

Salut Yann,

Contente d'avoir de tes nouvelles. Tu peux m'écrire à l'adresse du bateau marnefamille@wanadoo.fr en mettant mon nom et grade dans l'objet (comme d'hab...). Je te filerai mon adresse perso ensuite.


Bah dis-donc!!

Rebellionne

19-10-05 à 20:51

Salut Béné, ben t'as quand meme un peu morflée! Bon j'espère que tu t'es bien remise. Profites bien de tous ces instants, ils sont uniques!! Gros bisous et à bientôt. La famille Didier.


salut Béné

grebaut

03-11-05 à 21:04

Eh bien je n' aurais pas aimé manger ton brevage ceci étant la ligne c' est quequelque chose et ça en vaut bien la peine.

Ca fais plaisir de te voir quelques photos de toi et que ça se passe bien.

bonne continuation bon courage et bonne campagne

bisous Gwen à bientôt


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