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Bénédicte voguant sur l'océan indien

Bénédicte - 1 an campagne sur BCR Marne

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PONDICHÉRY – INDE

--> du 28 février au 04 mars 2006

Comme l’escale précédente, nous restons au mouillage.

Il faut dire qu’il n’y pas de port pouvant accueillir un bateau de la taille et du tirant d’eau de la Marne à Pondichéry ! En effet, les barcasses qui nous permettaient de nous emmener à quai (ce terme là aussi reste vite dit) devaient traverser une rivière où seules des petites embarcations pouvaient se faufiler en connaissant parfaitement le chemin pour ne pas s’embourber dans la vase…

Pondichéry, ancien comptoir français, est situé sur la côte du Coromandel, dans le sud-est de l’Inde, à 162 Km au sud de Madras et compte 650 000 habitants.
Elle devint le siège indien de la compagnie française des Indes Orientales, créée par Colbert en 1654 avec Lorient pour port d’attache.
En 1693, la ville tomba entre les mains des hollandais avant de revenir à la France en 1699 par le traité de Ryswick. François Martin qui fut nommé Administrateur à la suite de ce traité, rétablit la stabilité à Pondichéry et fut l'artisan de son développement. Dumas qui lui succéda, construisit sur les bases crées par François Martin.
En 1742, Joseph François Dupleix devint gouverneur de l' Inde Française. A peu près à la même époque, la guerre éclata entre la France et l'Angleterre. La situation en Europe, autant que les ambitions de Dupleix attisèrent le conflit Anglo-français en Inde : une longue suite de conquêtes et de revers débuta avec le siège et la destruction de la ville en 1761. La reprise définitive de la ville par les Français s’effectua en 1815.
Le 1er novembre 1954, après Dien Bien Phu et après plusieurs mois de troubles et un blocus économique, la France accepte de remettre à l'Inde ses 4 derniers territoires. Venu de Delhi, Mr R. K. Nehru, Secrétaire Général des affaires étrangères, hisse le drapeau indien sur le sol qui sera désormais État de Pondichéry. Mr Kewal Singh est nommé Premier  Haut Commissaire de l'État naissant. Il est reçu à l'Hôtel du Gouvernement par Mr Pierre Landy, envoyé diplomatique spécial du gouvernement de la République Française.
En janvier 1963, plusieurs milliers de Pondichériens choisissent d'opter pour la nationalité française. Le 1er juillet de la même année, naît le "Territoire de Pondichery" qui englobe les quatre enclaves autrefois françaises sur les côtes de l’Inde du Sud : Pondichéry, Karikal, Yanaon sur la baie du Bengale et Mahé sur la mer d’Arabie.
Aujourd' hui près de 20.000 Pondichériens vivent en France et près de 10.000 citoyens français vivent dans le Territoire de Pondichéry.

La touche française qui subsiste encore a préservé le caractère unique de cette ville en Inde : les képis rouges des policiers, les spécialités culinaires françaises, les rues au nom français, sont toujours très typiques.

On y trouve un monument aux morts de la première guerre mondiale, où d’ailleurs, une délégation du bord a déposé une gerbe en commémoration lors de notre escale. Un écriteau précise qu’il a été inauguré le 11 novembre 1971, le soldat portant le fusil la pointe vers le sol évoque le désarroi et le dos du mémorial présente un bas-relief en bronze reflétant l’arrivée de Dupleix.

Une statue de Jeanne d’Arc, taillée dans le marbre, continue à veiller sur ce bout de France disparu.

Il y a même des indiens qui jouent aux boules…

et d’autres qui parlent notre langue, souvent des anciens soldats des guerres d’Indochine et d’Algérie.
Cependant, si la culture française résiste bien, le statut se normalise progressivement. Le nom de Pondichéry, selon certains bruits, serait remplacé à terme par son nom indien Puduchcheri. Il faut dire que la ville s’ « indianise » inévitablement.
En revanche, au contraire de Goa la portugaise, Pondichéry n’aurait pratiquement rien conservé du mode de vie et des habitudes sociales françaises.

C’est une rare ville indienne à avoir un plan en échiquier, l'alignement à angle droit des rues reste un héritage vivant des bâtisseurs français. Le centre ville – le vieux Pondichéry- a une forme ovale et est situé en face du golfe du Bengale.
Un canal situé à l'est, divise la ville en deux zones : la partie « blanche » ou coloniale et la partie « noire » ou tamoule.
Le quartier français a des constructions d’aspect européen classique, tandis que les bâtiments du quartier tamoul sont dans le style du Tamil Nadu, avec des accents français. Mais les emprunts ont été réciproques : les édifices français ont dû s’adapter au climat semi-tropical en utilisant les techniques locales pour lutter contre la chaleur. Les rues du quartier français sont caractérisées par une continuité de coquettes maisons du XVIIIème siècle adjacentes, aux portes cochères richement décorées, et cachant de charmants petits jardins. En revanche, les façades du quartier tamoul possèdent un thalvaram (genre de véranda sur le trottoir sous un toit en pente soutenu par des poteaux en bois) et un thinnai (plateforme surélevée entourée de piliers en bois) permettant ainsi de recevoir dans la fraîcheur…Enfin, c’est ce dernier quartier, où vit la population locale, qui est le plus animé.

Pondichéry ne possède pas de monuments imposants ou remarquables, c’est plus dans l’architecture de ses rues, avec ses rangs de maisons traditionnelles et son atmosphère particulière indéfinissable que son charme réside.
La plupart des constructions non religieuses de la ville se situent dans le quartier français autour du parc Bharathi, du nom d’un poète nationaliste du siècle dernier. Au centre du parc, on peut voir le Ayi Mandapam construit pendant le Second Empire.

Et au Nord de ce jardin, en reconstruction depuis le passage du Tsunami,

on trouve le Raj Nivas, mélange des cultures indiennes et françaises. On compte 200 ans pour la construction principale. C’était la résidence des gouverneurs français de la première période tricolore. Là où a été accomplie la cérémonie de transfert des pouvoirs le 1er novembre 1954. De nos jours, c’est la demeure du Gouverneur.

Une promenade borde le front de mer. Et les Pondichériens ainsi que les touristes viennent y prendre l’air surtout en soirée.
Le vieux phare, mis en route le 1er juillet 1836 a été stoppé en 1979 suite à la construction d’un nouveau plus au Sud. Il fait 27m de haut et était visible jusqu’à 29 km.

Au milieu de cette corniche, face à la mer, la statue de « Ghandi sur la route des épices » s’élève sur 4 m 25 et est entourée de colonnes anciennes.

On peut aussi apprécier la beauté de l’ancien Hôtel de ville (Town Hall)

ou encore la statue du gouverneur le plus célèbre : Dupleix.

Concernant les monuments religieux, un certain nombre d’églises reflètent différents styles architecturaux de leur époque de construction suite à la connexion française de Pondichéry.
Parmi elles, la cathédrale de l’Immaculée Conception datant du XVIIIème siècle,

et Notre Dame des Anges d’architecture néo-classique construite en 1856 (face à la statue de Jeanne d’Arc),

ou encore, l’église du Sacré Cœur de Jésus de style pseudo gothique.

Pondichéry abrite aussi de nombreux temples hindous, dont notamment celui de Manakula Vinayagar qui existait déjà avant l’arrivée des Français. Situé à la périphérie du quartier français, il est particulièrement animé le vendredi.

Je ne suis pas entrée à l’intérieur mais ai posée, non sans crainte, avec l’éléphant qui était devant :

Grâce à une excursion à la demi-journée proposée par l’office de tourisme, j’ai eu l’occasion de visiter un temple en construction, celui de Panchavadi Hanuman. Les photos étaient interdites, mais en fait, ils construisent autour d’une grande statue. Par ailleurs, ils conservent les autres statues dédiées au temple dans de l’eau avant de mettre en place. Pour le moment, de l’extérieur, on ne voit que les échafaudages avec de la paille, soit pour cacher, soit pour faire de l’ombre aux sculpteurs, ou peut-être les deux, je ne sais pas.

Il y a aussi plusieurs mosquées, la plus belle et la plus typique serait, dit-on, celle de la Kuthba, mais je n’en ai vu aucune.

J’ai aussi eu l’occasion de faire un tour sur les back waters en utilisant un bateau à moteur depuis le Chunnambar Water Sport.


Il ne faut pas oublier les souks avec le Big Market, grand marché couvert, très animé et coloré :


Parmi les différents musées que compte Pondichéry, je me suis rendue à celui portant le nom de la ville. Les droits d’entrée s’élèvent à la modique somme de 2 Roupies (soit 0,04 centimes d’euros…). Sur la rue Saint Louis, on y trouve des souvenirs de l’époque française, des meubles, dont paraît-il, le lit de Dupleix, des porcelaines de la compagnie des Indes, ou encore de nombreux bronzes de l’époque de Chola.

Je ne peux pas terminer de parler de Pondichéry sans citer Sri Aurobindo, figure marquante de l’histoire de la ville, et son Ashram.

Sri Aurobindo est né le 15 août 1872 à Calcutta. A sept ans, ses parents l’emmènent en Angleterre. Après un passage à l’université de Cambridge suite à une bourse d’étude de lettres classiques, il occupe le poste de professeur (de français puis d’anglais) dans la principauté de Baroda en Inde, puis y devient vice-directeur et directeur par intérim. Durant ce temps, il occupe aussi des fonctions dans le service administratif de la principauté. Il s’intéresse activement à la politique en Inde.
A la suite de la partition du Bengale (1905), il quitte Baroda et rejoint Calcutta où il devient leader du mouvement national. En 1908, il passe une année en prison, c’est le tournant de sa vie. Il y pratique presque continuellement yoga et méditation. De sa vie intérieure et de ses préoccupations spirituelles déboucheront une philosophie plus large que ses objectifs initiaux. De la libération de l'Inde, il passe à une philosophie axée sur l'avenir de l'homme. Recherché par la police, il se cache deux mois au comptoir français de Chandernagor, proche de Calcutta avant de s'embarquer pour Pondichéry à bord du Dupleix. Il y arrive le 4 avril 1910. Depuis, il se consacre totalement à la pratique du yoga, refusant de retourner physiquement à l’activité publique et politique malgré les propositions. Voyant que l’Indépendance de l’Inde était assurée, il n’employa que sa force spirituelle, ne sortant de sa retraite qu’à deux reprises, s’exprimant sur ses craintes envers Hitler en 1940 et au sujet de l’indépendance de l’Inde en 1942.
Peu avant la guerre de 1914, un couple de Français venu à Pondichéry, les Richard, se passionne pour les écrits et les théories du philosophe indien. Le mari l’aide en finançant principalement l’édition de ses ouvrages, et retourne en France, alors que son épouse, Mirra Alfassa, reste définitivement aux côtés de Sri Aurobindo à compter de 1920. Désormais, elle est appelée « la Mère ».
Il disparaît le 5 décembre 1950, alors qu’il n’avait quasiment plus de contact physique avec ses disciples depuis 1926, se consacrant à son travail intérieur et laissant la direction de son Ashram à la Mère. Celle-ci continuera l’œuvre commune jusqu’au 17 novembre 1973.

Le point central de l’Ashram, qui a réellement vu le jour en 1926, reste la maison où ont résidé Sri Aurobindo et la Mère. Les photos à l’intérieur de celle-ci sont interdites. Les personnes s’y rendent principalement pour se recueillir sur leurs tombes en marbre blanc magnifiquement fleuries des espèces les plus rares, dans une cours intérieure et gardées par des fidèles assis en lotus : un vrai lieu de méditation. On visite aussi une pièce avec des meubles anciens et surtout toutes les oeuvres de Sri Aurobindo et de la Mère, écrites dans diverses langues. Une librairie spécialisée propose aussi une multitude d’ouvrages multilingues.

Cette communauté possède sur Pondichéry, entre autres, une fabrique de papier située au Nord de la ville. J’ai eu l’occasion de la visiter et de voir une méthode traditionnelle pour la fabrication d’un papier d’excellente qualité, mais les photos sont là aussi interdites. J’ai pu notamment voir comment le papier était coloré puis « essoré » avant d’être séché. Les « machines » utilisées semblaient être d’un autre temps… mais fonctionnaient toujours… Une petite boutique propose divers papiers à lettre, enveloppes, calepins de leur fabrication. On recense aussi une imprimerie, une poste et bien d’autres services telle une petite société. Plus de 2000 membres de toutes les nationalités travaillent à dispenser la pensée de Sri Aurobindo et de la Mère.
Le 28 février 1968, la Mère fonde la communauté d'Auroville située à quelques kilomètres de Pondichéry. Elle réalise ainsi son rêve de voir un endroit dans le monde où tous les êtres de bonne volonté, sincères dans leurs aspirations pourraient vivre librement en citoyens du monde, obéissant à une seule autorité, celle de la vérité Suprême, un lieu de paix, de concorde et d'harmonie. Lors de la cérémonie d’inauguration, les représentants de 124 nations et 23 états indiens jetèrent une poignée de terre de leur pays natal dans une urne en forme de lotus.
Autrefois désertique, la région s’est transformée en terre verdoyante grâce notamment aux premiers occupants qui plantèrent deux millions d'arbres d'espèces multiples et d'origines diverses.
Au centre, le Matrimandir, un énorme bâtiment en forme de sphère en cours de finition, haut comme un immeuble de neuf étages, est le « cœur de la cité » et un lieu de médiation.

Architecturalement, elle devait se dessiner sous la forme d’une galaxie : un point au centre devait symboliser l’unité, un premier cercle pour la création et des pétales pour représenter le pouvoir de l’expression et de la réalisation.


Ecrit par Behess, le Mardi 7 Mars 2006, 13:20 dans la rubrique "Généralités sur chaque escale".

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Commentaires

L'éléphant

Anonyme

10-03-06 à 16:30

Je confirme mon coeur tu as bien eu "peur" de l'éléphant mais bon ça passe!

J'aurais bien voulu voir une photo des policiers avec le képi rouge!!! Sinon je pense à la vue des assiettes que la nourriture devait être drôlement bonne!

Je te laisse, bisous.


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